Une des définitions de la monnaie consiste à dire que c'est un bien
économique qui a trois fonctions :
- c'est un instrument d'unité de compte (une référence pour estimer un
prix)
- c'est un instrument d'échange (un moyen de paiement)
- c'est un instrument de réserve de valeur (stockée en espèces, en dépôt
ou en épargne).
Depuis des temps préhistoriques, les hommes ont compté leur biens.
Rapidement, un étalon s'impose dans chaque groupe humain : coquillage,
minéraux précieux ou utiles comme le sel, petit lingots de métal (fer, puis
argent ou or), etc.
On en trouve les premières traces moderne en Europe chez les Grecs
anciens, au VIe siècle av.
J.-C..
Alors que la monnaie représente déjà une certaine quantité de biens,
qu'on ne pourrait pas manipuler aussi facilement, l'étape suivante est la
mise en place d'une monnaie de second niveau, qui elle-même représente une
grande quantité de monnaie métallique laissée en dépôt en lieu sur. Ainsi
apparaît la monnaie papier (le billet de banque, connu en Chine dès le
VIIIe siècle),
qui ne représente originellement qu'une dette payable à vue sous forme de
métal ou d'autres biens.
On peut distinguer plusieurs étapes dans l'évolution historique qui a
conduit de la monnaie métallique à la monnaie fiduciaire que nous
connaissons aujourd'hui :
- le système bi-métallique (jusqu' aux XIXe siècle) : toutes les
monnaies sont définies à la fois par rapport à l'or et par rapport à
l'argent (métal). Chaque état, en fonction de ses disponibilités
métalliques, utilisent préférentiellement l'un ou l'autre métal, et se
sert de l'autre comme appoint. Mais les découvertes minières et les
évolutions financières dans une économie largement mondialisée à l'époque
font fluctuer les proportions entre les deux métaux, et le développement
de la monnaie papier et du crédit permettent de limiter les besoins de
métal, et de supprimer l'argent-métal comme étalon.
- l'étalon-or « classique » (jusqu'en 1914) : toutes les monnaies sont
définies par rapport à l'or. La monnaie-papier est un substitut à l'or
(une once d'or équivaut à 20 dollars, 4 livres anglaises, etc.). Les taux
de conversion de chaque monnaie en or, et donc entre elles, sont fixes.
Cela assure la stabilité de la monnaie et empêche une inflation provoquée
artificiellement par une augmentation de la masse monétaire (procédé
auquel les États auront constamment recours par la suite).
- En 1865, est crée l'Union Latine, une convention monétaire entre la
Belgique, la France, l'Italie et la Suisse, convention à laquelle adhère
la Grèce en 1868. Cette convention est restée en vigueur, moyennant
plusieurs aménagements, jusqu'au 1er janvier 1927. Elle avait pour but
d'harmoniser les monnaies de ces pays (module, titre, poids) qui avaient
ainsi une circulation transfrontalière.
- l'étalon de change-or (1914-1971) : il s'agit d'un système mixte par
lequel certains pays veulent conserver les avantages de l'étalon-or, alors
que d'autres veulent se garder la latitude (via la « planche à billets »)
d'avoir des taux de change variables. Ce système va devenir caduc en
quelques décennies :
- Première Guerre mondiale : en raison du coût de la guerre toutes les
monnaies européennes sont fortement dévaluées par rapport à l'or.
- 1922 : conférence de Gênes. Un nouvel ordre monétaire est mis en
place où seuls les États-Unis conservent l'étalon-or classique. Le
dollar repose sur l'or, la livre anglaise sur le dollar, et les autres
monnaies européennes sur la livre anglaise.
- 1931 : le Royaume-Uni, conduit à augmenter sa masse monétaire,
abandonne le système de change-or.
- 1934 : le dollar est défini comme 1/35 d'once d'or. Les citoyens
étatsuniens n'ont pas le droit de posséder de l'or.
- 1944 : accords de Bretton Woods : le système monétaire repose sur le
dollar, seule monnaie encore ancrée à l'or
- 1971 : sous Nixon, les États-Unis, ne pouvant plus maintenir le prix
de l'or à 35 dollars l'once ni éviter une dévaluation du dollar,
abandonnent l'étalon-or.
- le régime des changes flottants (à partir de mars 1973) : après
l'abandon des accords de Bretton Woods, les monnaies varient entre elles
librement, suivant l'offre et la demande, et donc en principe selon la
quantité de crédit émise par chaque pays (une politique monétaire laxiste
est « punie » par une baisse de la valeur de la monnaie locale par rapport
aux autres devises). Il n'y a plus de contrepartie métallique à la monnaie
émise, seulement de la dette.